Shihabpresse:Une visite rapide d’Emmanuel Macron en Afrique de l’Est marque un soutien renouvelé aux efforts éthiopiens pour la restructuration de leur dette
Lors d’une visite express dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, le président français Emmanuel Macron a exprimé, samedi dernier, son soutien total aux efforts de restructuration de la dette éthiopienne, insistant sur la nécessité d’une résolution rapide « dans les semaines à venir ».
Selon l’agence Reuters, ce soutien intervient après un accord conclu le mois dernier entre l’Éthiopie et le Fonds monétaire international concernant la deuxième revue du programme de financement de 3,4 milliards de dollars. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, Macron a déclaré : « Grâce à votre engagement en faveur du programme de réformes que vous dirigez, nous visons à finaliser la restructuration de cette dette de 3 milliards d’euros dans les semaines à venir. »
Étape à Djibouti
Avant son passage en Éthiopie, le président français avait effectué une visite à Djibouti, où il a réaffirmé l’importance de la présence militaire française dans le pays pour développer une stratégie renforcée dans la région de l’océan Indien et du Pacifique.
« Cette présence à Djibouti est également orientée vers la région indo-pacifique. Notre nouvelle stratégie dans cette zone, renforcée depuis le printemps 2018, ne peut être mise en œuvre sans les forces françaises basées à Djibouti », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh.
Ces visites officielles en Afrique de l’Est interviennent dans un contexte de perte d’influence de la France au Sahel, où plusieurs partenariats militaires, notamment avec le Tchad, ont été récemment rompus. La France cherche désormais à renforcer sa position stratégique dans la Corne de l’Afrique et à établir un contrôle sur la côte de la mer Rouge.
Un partenariat militaire renforcé
La France attache une importance particulière à ses relations avec Djibouti, où elle possède la plus grande base militaire française hors de son territoire. Les deux pays ont récemment renouvelé un accord de coopération militaire pour une durée de dix ans. Lors de sa visite, Macron a rencontré des hauts responsables militaires pour discuter d’un renforcement des effectifs français à Djibouti, notamment par le redéploiement des troupes évacuées récemment du Sénégal et du Tchad.
En Éthiopie, Macron a également cherché à intensifier les discussions en vue d’un partenariat militaire avec Addis-Abeba, notamment après l’amélioration des relations entre l’Éthiopie et la Somalie, un processus dans lequel la Turquie a joué un rôle clé.
La France ambitionne de signer un accord militaire avec l’Éthiopie, ce qui pourrait lui offrir un accès stratégique à la mer Rouge via le Somaliland, une région autoproclamée indépendante soutenue par l’Éthiopie. Cet accord permettrait à la France d’étendre son influence et d’assurer un contrôle sur un port stratégique dans cette région.
Activités en République centrafricaine et au Soudan
Macron aurait également prévu des réunions discrètes à Addis-Abeba avec des opposants politiques de la République centrafricaine, notamment Paul Crescent Benninga, représentant du Groupe de travail de la société civile (GTSC). Lors de cette rencontre, il entend réitérer le soutien de la France à Benninga pour les prochaines élections locales, tout en encourageant l’opposition centrafricaine à intensifier ses activités médiatiques pour ternir l’image du gouvernement de Faustin-Archange Touadéra et de ses alliés.
Dans le même temps, des rapports suggèrent une implication française dans le conflit soudanais opposant les Forces de soutien rapide à l’armée nationale. Amnesty International affirme que la France, en coopération avec les Émirats arabes unis, fournit aux Forces de soutien rapide des équipements technologiques avancés et des véhicules blindés dotés de technologies françaises. Par ailleurs, Paris soutient également la coalition politique « Taqaddum », dirigée par l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok, perçu comme un allié clé des Forces de soutien rapide.
Récupération de l’influence perdue
Le retour en force de la France dans la Corne de l’Afrique vise à restaurer une influence déclinante sur le continent africain, en particulier dans la région de la mer Rouge, qui revêt une importance stratégique majeure en raison de son lien direct avec le Moyen-Orient et les dynamiques du conflit israélo-arabe. Cette région est appelée à jouer un rôle déterminant dans les futurs équilibres géopolitiques et stratégiques.