Shihab Press – Le député français Éric Coquerel s’est exprimé au sujet du regain de tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France.
Cette réaction intervient après la décision ferme et réciproque de l’Algérie d’exiger le départ de 12 diplomates français de son territoire dans un délai de 48 heures.
Dans des déclarations médiatiques, Coquerel a estimé qu’il était naturel que l’Algérie réagisse à l’arrestation de trois agents relevant de son ambassade à Paris, soulignant qu’il s’agissait d’une réaction quasi automatique.
Il a ajouté : « La France sait que l’Algérie adopte une politique d’égal à égal, et qu’elle ne laissera pas passer cela. Dans ce type de confrontation, il y a toujours une escalade à chaque fois. »
Le député français s’est interrogé sur l’éventuelle implication du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans cette affaire, après avoir été écarté par le président Emmanuel Macron.
À ce propos, Coquerel a affirmé : « Nous ne voulons pas revenir à ces confrontations que le président Macron avait mises en pause, mais que Retailleau avait initiées. » Il a laissé entendre que cela pourrait faire partie d’un projet présidentiel sous-jacent, car « s’opposer à l’Algérie serait utile à certains ».
En conclusion, le député a proposé la tenue d’un second entretien entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron dans les plus brefs délais, afin de ne pas laisser la voie libre à Bruno Retailleau.
Par ailleurs, des sources médiatiques françaises ont rapporté ce lundi que l’Algérie a décidé d’expulser douze diplomates français, leur donnant 48 heures pour quitter le territoire.
Cette décision souveraine est intervenue en réponse à l’arrestation à Paris de trois ressortissants algériens accusés d’avoir enlevé une personne recherchée par la justice algérienne.
Selon BFMTV, ce lundi 14 avril, confirmant des informations du journal Le Figaro, ces mesures inédites depuis 1962 concernent des agents disposant d’un statut diplomatique ou administratif, certains étant affiliés au ministère de l’Intérieur.
Le ministre français des Affaires étrangères, interrogé par BFMTV, a précisé que cette décision répondait à l’arrestation récente de trois citoyens algériens « suspectés d’actes graves sur le territoire français ».
Les trois personnes, dont un employé du consulat algérien, sont accusées d’avoir participé à l’enlèvement d’un ressortissant algérien recherché, en avril 2024. Ils ont été placés sous enquête judiciaire le vendredi 11 avril pour enlèvement, séquestration ou arrestation arbitraire.
Dans le même contexte, BFMTV a révélé que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a demandé aux autorités algériennes de revenir sur leur décision, la qualifiant « d’injustifiée ».
Cette montée des tensions intervient une semaine seulement après la visite du chef de la diplomatie française à Alger.
À l’issue de ses discussions avec son homologue Ahmed Attaf et le président Abdelmadjid Tebboune, Jean-Noël Barrot avait pourtant annoncé « une nouvelle phase » dans les relations franco-algériennes, alors en crise.
L’Algérie avait exprimé son vif mécontentement en convoquant l’ambassadeur de France à Alger samedi soir, pour protester contre la mise en examen d’un de ses agents consulaires en France, actuellement en détention provisoire, dans le cadre d’une enquête liée à l’enlèvement présumé d’un individu recherché par la justice algérienne en 2024, que la France refuse de livrer car il sert ses intérêts.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a déclaré que l’Algérie rejette catégoriquement, sur la forme et le fond, les raisons avancées par le parquet antiterroriste français pour justifier la détention de son agent consulaire.
Sur la forme, Alger rappelle que le diplomate a été arrêté sur la voie publique et placé en garde à vue sans notification par les canaux diplomatiques, en violation flagrante des immunités et privilèges attachés à sa fonction au consulat d’Algérie à Créteil, ainsi qu’aux usages diplomatiques en vigueur entre les deux pays.
Sur le fond, Alger dénonce la faiblesse des éléments invoqués par les services de sécurité du ministère français de l’Intérieur lors des interrogatoires. Cette procédure judiciaire contestée repose uniquement sur le fait que le téléphone du diplomate aurait été localisé près du domicile d’Amir Boukhors, dit Amir DZ.
L’Algérie exige la libération immédiate de son diplomate, la garantie totale de ses droits professionnels, tels que prévus dans les conventions internationales et bilatérales, afin qu’il puisse assurer sa défense dans des conditions décentes.
Le communiqué ajoute que ce tournant judiciaire, sans précédent dans l’histoire des relations franco-algériennes, n’est pas fortuit. Il intervient dans un contexte particulier, avec pour objectif de saboter les efforts de relance des relations bilatérales décidés par les deux chefs d’État lors de leur dernière conversation téléphonique.
Ce développement regrettable et inapproprié montre que certains cercles français n’ont pas la volonté sincère de réactiver les relations bilatérales, et que leur engagement manque de bonne foi.
Le communiqué poursuit : « Il est choquant de constater le choix cynique des perturbateurs des relations bilatérales, en instrumentalisant un criminel pour une manœuvre politique. La précipitation avec laquelle cet individu est utilisé comme vitrine d’un discours hostile à l’Algérie contraste avec l’inaction persistante des autorités françaises face aux demandes algériennes d’extradition de ce fauteur de troubles lié à des organisations terroristes. »
Enfin, le ministère conclut en soulignant que ce nouveau développement, injustifié et inacceptable, portera gravement atteinte aux relations franco-algériennes et ne contribuera pas à l’apaisement. L’Algérie réaffirme sa responsabilité pleine et entière dans la protection de son agent consulaire et insiste sur le fait qu’elle ne laissera pas cette affaire sans conséquences.
L’échange téléphonique qui a eu lieu entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français au premier jour de l’Aïd el-Fitr avait pourtant offert « un modèle sur lequel bâtir pour remettre les relations sur les rails ».
Cependant, certains cercles de la droite française, opposés à ce rapprochement, ont tenté de le torpiller, et ces développements récents risquent bien de balayer les derniers ponts diplomatiques encore existants entre les deux pays.