Chihab Press – Le président français Emmanuel Macron a appelé les autorités algériennes à permettre à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal de recevoir des soins médicaux en dehors de la prison, à la suite de la condamnation prononcée contre lui à cinq ans de prison ferme, assortie d’une amende de 500 000 dinars.
Dans une déclaration à la chaîne française LCI, Macron a déclaré : « Je sais que je peux compter sur le bon sens et l’humanité des hautes autorités en Algérie, et en tout cas, je l’espère sincèrement. »
Il a également lancé un appel aux autorités algériennes pour qu’elles prennent en considération l’état de santé de Sansal, atteint d’un cancer, déclarant : « Je fais appel à l’humanité des autorités algériennes pour lui permettre de se soigner hors de la prison. »
Le président français a par ailleurs exprimé son espoir que « Sansal puisse redevenir un homme libre un jour ».
Le tribunal correctionnel de Dar El Beïda a condamné, jeudi dernier, l’écrivain francophone Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme, avec une amende de 500 000 dinars algériens, en plus de la confiscation de toutes les pièces saisies liées à l’affaire.
Le tribunal a également accepté la constitution de l’agent judiciaire du Trésor public comme partie civile, tout en préservant les droits civils.
Lors de son audience, Sansal a nié toutes les accusations portées contre lui, affirmant qu’il n’avait pas l’intention de nuire à la patrie ou aux institutions de l’État.
La semaine dernière, le procureur de la République avait requis une peine de 10 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de dinars contre Boualem Sansal.
Il est poursuivi pour des accusations liées à l’atteinte à l’unité nationale, l’outrage à un corps constitué, la réalisation d’actes portant atteinte à l’économie nationale et la possession de vidéos et publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays.
L’affaire remonte à des déclarations médiatiques et des publications électroniques retrouvées dans ses appareils personnels, notamment son téléphone portable, son ordinateur et sa clé USB, contenant un contenu qualifié d’offensant envers les institutions constitutionnelles, civiles et militaires de l’Algérie.
Boualem Sansal, âgé de 75 ans, a été arrêté à la mi-novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, en provenance de France. Il a été placé en détention provisoire conformément à l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne « tout acte visant la sûreté de l’État, l’unité nationale et l’intégrité territoriale ».
La chambre d’accusation du tribunal d’Alger a rejeté la demande de mise en liberté formulée par les avocats de l’écrivain, détenu depuis novembre pour des accusations liées à « l’intégrité territoriale » et « l’unité nationale ».
Après avoir entendu les plaidoiries de la défense et les réquisitions du parquet, les juges ont décidé de rejeter l’appel des avocats contre le mandat de dépôt émis par le juge d’instruction le 21 novembre, maintenant ainsi Sansal en détention provisoire pour des actes relevant de l’article 87 bis du Code pénal.
Certains cercles de l’extrême droite française ont tenté d’inscrire son affaire à l’ordre du jour du Parlement européen. Fin janvier, les députés européens ont voté une résolution appelant à la libération de Sansal, ainsi que de tous les autres militants, prisonniers politiques et journalistes emprisonnés, ce que l’Algérie a considéré comme une ingérence flagrante dans ses affaires internes.
La résolution du Parlement européen, qui demandait la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal et d’autres détenus en Algérie, a suscité de vives condamnations à l’échelle nationale, arabe et africaine.
L’affaire de Boualem Sansal est l’un des dossiers qui ont contribué à la détérioration des relations entre l’Algérie et la France, cette dernière étant accusée d’interférer dans les affaires internes algériennes et de mener une campagne hostile contre le pays, dans une tentative de détourner l’attention de sa propre situation économique difficile.